SCITAMINALES

SCITAMINALES
SCITAMINALES

Les Scitaminales, ou Zingibérales, sont des plantes monocotylédones formant un ordre homogène aux caractères végétatifs et floraux typiques. Ce sont des plantes herbacées de haute taille, aux feuilles généralement grandes pourvues d’une gaine persistante; elles sont souvent pérennes grâce à des rhizomes. L’ordre, localisé dans les régions chaudes du globe, compte six familles: la plus importante, celle des Musacées, regroupe tous les bananiers; les cinq autres (Strélitziacées, Lowiacées, Zingibéracées, Marantacées, Cannacées) fournissent surtout des espèces ornementales.

Caractères généraux et classification

Les Scitaminales sont caractérisées par leurs fleurs trimères, zygomorphes, vivement colorées, adaptées à la zoophilie: en effet, calice et corolle, s’ils sont parfois différenciés, sont fréquemment pétaloïdes, ainsi qu’une partie de l’androcée. Celui-ci montre une évolution progressive qui le fait passer de six étamines fertiles chez les Musacées à une demi-étamine fertile chez les Marantacées et Cannacées, les étamines stériles devenant des staminodes pétaloïdes (fig. 1). L’ovaire est infère, tricarpellé, uni ou triloculaire; chaque loge contient de nombreux ovules ou un seul; la placentation est axile, rarement pariétale. Le fruit est une baie ou une capsule loculicide. Les graines, souvent arillées, possèdent un albumen qui a tendance à se réduire, puis à disparaître, et se trouve alors suppléé par le périsperme, reliquat des tissus nucellaires maternels.

Les Scitaminales dérivent probablement directement des Liliales. Elles offrent en particulier beaucoup de caractères communs avec les Amaryllidacées et avec les Asphodéloïdées (Liliacées). Les six familles se répartissent en deux groupes distincts. Les trois premières, très affines et parfois réunies, ont un androcée non pétaloïde comprenant cinq ou six étamines et des graines dépourvues de périsperme: Musacées à feuilles en disposition spiralée et fruit bacciforme; Strélitziacées et Lowiacées à feuilles en disposition distique, à fruit généralement capsulaire, les premières se distinguant par leurs sépales libres. Les trois autres ont un androcée pétaloïde comportant une seule étamine et des graines pourvues de périsperme: les Zingibéracées sont des plantes aromatiques à feuilles ligulées, à anthères biloculaires, à sépales unis; les Marantacées et les Cannacées ne présentent pas ces caractères et s’opposent par leurs loges ovariennes uniovulées ou pluriovulées.

Les Scitaminales pluristaminées

Les Musacées , ou bananiers, n’ont pas de tige véritable: ce sont de grandes herbes monocarpiques (hapaxanthes), de plusieurs mètres de hauteur, dont le pseudotronc résulte de l’enroulement des gaines foliaires les unes autour des autres; sans ce soutien, il s’effondrerait. Elles sont caractérisées également par leur mégaphyllie. L’inflorescence (le régime) est composée de fascicules (les mains) de dix à vingt fleurs disposées collatéralement en une ou en deux rangées alternes. Les mains sont protégées par de grandes bractées spathacées caduques (fig. 2). Les fleurs de la base du régime sont femelles, les supérieures sont mâles par suite de l’avortement soit des étamines, soit du pistil; entre les deux se trouvent des fleurs bisexuées. La proportion des fleurs femelles est d’autant plus élevée que l’alimentation des plants est plus riche. La fleur zygomorphe répond théoriquement à la formule suivante: 3 T + 3 T + 3 E + 2-3 E + 3 C, mais, chez les fleurs femelles, l’androcée est réduit à des staminodes, l’ovaire étant à placentation axile; chez les fleurs mâles, le gynécée est transformé en nectaires. Toutes les fleurs sont abondamment nectarifères; la pollinisation se fait par les abeilles, les oiseaux et quelquefois les chauves-souris. Un régime porte de cinq à quinze mains fructifères; sa réaction géotropique varie avec les espèces: il peut être dressé, horizontal ou pendant.

La famille renferme deux genres et environ soixante espèces, originaires des régions intertropicales de l’Ancien Monde; cependant, des fossiles ont été découverts dans le Crétacé de Colombie. Les Ensete , à x = 9 chromosomes, sont africains; leurs fruits ne sont pas comestibles. Le genre Musa d’origine asiatique et océanienne est divisé en sections dont les nombres chromosomiques de base sont de x = 10 et x = 11. Aux premières sections appartiennent M. textilis , ou abaca, dont on tire le chanvre de Manille, et les M. fehi , aux régimes dressés et dont les fruits sont consommés cuits. Les dernières sections comptent la plupart des bananes comestibles qui, à partir du Sud-Est asiatique, se sont répandues à travers toutes les régions tropicales humides. Les bananes, fruits parthénocarpiques et dépourvus de graines, jouent un rôle essentiel dans l’alimentation des populations des régions exotiques aussi bien que tempérées. Un commerce actif s’est rapidement créé à partir des pays producteurs: Amérique centrale, Côte-d’Ivoire, îles Canaries, etc.

La majorité des formes cultivées dérive des espèces sauvages: M. balbisiana et M. acuminata . Les études cytogénétiques ont montré que les très nombreux cultivars possédaient vingt-deux, trente-trois et quarante-quatre chromosomes. Les clones connus se répartissent en deux catégories: 1o ceux qui proviennent uniquement de M. acuminata (génomes AA); ils sont diploïdes (AA), triploïdes (AAA), tétraploïdes (AAAA); le groupe triploïde renferme entre autres la variété Gros Michel (Fyfe d’Amérique centrale), vigoureuse mais sensible à la maladie de Panama, et la banane des Canaries (M. nana = M. cavendishii ) et ses mutants; 2o ceux qui sont des hybrides: M. acuminata (AA) 憐 M. balbisiana (BB); on y connaît des diploïdes (AB), peu robustes, des triploïdes (AAB), qui sont les bananes plantains et foutous: M. paradisiaca et M. sapientum , dont les fruits sont consommés cuits, des triploïdes (ABB) alimentaires, à culture plus restreinte (des Philippines à l’océan Indien), des tétraploïdes, peu nombreux, qui sont des bananes à cuire de Malaisie et de Thaïlande.

Les Strélitziacées , famille originaire d’Amérique tropicale, d’Afrique du Sud et de Madagascar, groupent des herbes ou des arbres aux feuilles distiques et aux fleurs bisexuées disposées en cymes unipares à l’aisselle des spathes. Elles répondent à la formule: 3 S + 3 P + 5-6 E + 3 C. Le gynécée triloculaire contient dans chaque loge de nombreux ovules arillés (Strelitzia ) ou un seul ovule non arillé (Heliconia ). Le fruit est généralement une capsule. Parmi les représentants les plus connus, il faut citer le fameux arbre du voyageur (Ravenala madagascariensis ), le Strelitzia reginae d’Afrique du Sud (cf. FLEUR, pl. II), les Heliconia américains, qui agrémentent les jardins tropicaux et qui groupent une soixantaine d’espèces.

Les Lowiacées sont des herbes acaules de Malaisie et de Bornéo dont les fleurs hermaphrodites rappellent par leur disposition et leur zygomorphie celles des Orchidées.

Les Scitaminales unistaminées

Les Zingibéracées pérennes possèdent des feuilles distiques qui portent à la jonction du limbe et de la gaine une ligule, petite lame saillante caractéristique. Elles sont aromatiques, leurs tissus contenant dans des cellules sécrétrices isolées du camphène, de l’eugénol, du pinène ou d’autres essences. Elles renferment aussi des matières colorantes et des principes amers. Les inflorescences sont terminales au sommet de tiges feuillées ou portées sur un axe indépendant aphylle provenant du rhizome. Les fleurs, parfois solitaires, sont formées de trois sépales, de trois pétales délicats brillamment colorés dont le postérieur est plus développé, d’une étamine fertile et de staminodes devenus pétaloïdes, d’un ovaire soit triloculaire à placentation axile, soit uniloculaire à placentation pariétale. Le style long et grêle se trouve placé dans une gorge entre les deux loges polliniques. Le nectar est abondant. Les fleurs sont protandres et fécondées par des insectes ou des oiseaux. Le fruit est une baie ou une capsule. Les graines souvent recouvertes d’un gros arille renferment albumen et périsperme.

Les Zingibéracées comptent mille cinq cents espèces de la forêt tropicale humide. Leur nombre chromosomique est très variable (2 n = de 34 à 66 chromosomes chez Hedychium ); une spéciation active résulterait, semble-t-il, de divers types de polyploïdie. Elles présentent des espèces utiles fournissant des arrow-roots (fécules de Curcuma angustifolia et C. leucorhiza ), des condiments et épices (gingembres = Zingiber officinalis , cardamones = Amomum cardamomum , Aframomum angustifolium , Elletaria cardamomum , maniguette = Aframomum meleguetta ), des matières colorantes (Curcuma longa , Costus spicatus ). Les rhizomes d’Alpinia officinarum , ou galanga de Chine, ont des propriétés stimulantes et aromatiques. Des représentants des genres Hedychium , Costus , Alpinia , Catimbium sont ornementaux. Les Costacées ont été parfois séparées des Zingibéracées dont elles se différencient par leurs feuilles disposées le long d’une spirale sur la tige au lieu d’être distiques, par leurs gaines foliaires fermées et non ouvertes, et par l’absence des cellules à essence qui caractérisent les Zingibéracées.

Les Cannacées toujours herbacées persistent grâce à des rhizomes tubérisés riches en fécule. Leurs fleurs se distinguent de celles des Zingibéracées par leur asymétrie et par un androcée dont toutes les étamines, à l’exception d’une demi restée fertile, sont pétaloïdes. Elles sont entomogames ou ornithogames; toutefois, l’autogamie est connue chez quelques espèces. Le fruit est une capsule. La famille ne comprend qu’un seul genre et une cinquantaine d’espèces. Les rhizomes de Canna edulis contiennent 28 p. 100 d’amidon. En horticulture ont été obtenus par hybridation et sélection des cultivars ornementaux aux coloris variés et vifs qui ont été réunis en une seule espèce: C. generalis .

Les Marantacées groupent des herbes rhizomateuses dont les fleurs sont portées soit par les tiges feuillées, soit par des hampes particulières. Ces fleurs ont un calice et une corolle différenciés. L’androcée est formé généralement d’un cycle externe de deux staminodes pétaloïdes et d’un cycle interne de deux staminodes et d’une étamine mi-fertile, mi-pétaloïde. Ainsi, comme dans les deux familles précédentes, l’appareil mâle est fortement involué. Le style est protégé par un des staminodes qui forme capuchon. Il est libéré au moment de l’anthèse. Entomophilie et autogamie sont les plus fréquentes. Le fruit est une capsule loculicide ou une baie; il contient, par loge, une graine arillée pourvue d’un volumineux albumen et d’un périsperme. Le nectar abondant est sécrété par des glandes septales. La famille comprend près de quatre cents espèces habitant surtout les forêts humides tropicales. Elle se divise en deux tribus: l’une (Phryniées) habite surtout les paléotropiques et se caractérise par un gynécée triloculaire et triovulé; l’autre (Marantées) est américaine et se définit par son ovaire uniloculaire et uniovulé. L’intérêt économique de la famille est médiocre: Maranta arundinacea fournit un arrow-root; Calanthea allouia produit des tubercules comestibles. Plusieurs Marantacées sont ornementales.

scitaminales [sitaminal] n. f. pl.
ÉTYM. 1964; scitaminées, 1839; lat. bot. scitaminæa, de scitamina, Linné, d'après le lat. class. scitamenta « friandises », à cause des propriétés alimentaires de la fécule de ces plantes.
Bot. Famille de plantes monocotylédones herbacées, exotiques, à tige courte mais prolongée par la superposition des gaines emboîtées des feuilles (par ex. dans le bananier). Amomées.Au sing. || Une scitaminale.
tableau Les grandes divisions en botanique.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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